CAPSULES HISTORIQUES
Les débuts du rang de la Montagne à Saint-Paul d’Abbotsford Le développement de cette partie de Saint-Paul d’Abbotsford que l’on nomme aujourd’hui rang de la Montagne, a débuté dans le premier quart du XIXe siècle. Ce sont surtout des colons américains loyalistes qui sont venus s’installer sur le versant nord-ouest de la montagne. Nous savons qu’à la fin de la guerre d’indépendance américaine, quelques soldats loyalistes se sont établis le long de la rivière Yamaska, dans ce qui est aujourd’hui Saint-Césaire, mais est-ce que parmi eux, certains se seraient établis près du mont Yamaska? Mes recherches ne me permettent pas de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse. On retrouve tout de même dans les archives seigneuriales de Hyacinthe-Marie Delorme, quelques noms de censitaires francophones : Jean-Baptiste Duval en 1810, Christophe Lussier en 1807, Charles Fréchet en 1808, etc. Plusieurs de ces loyalistes habitent les Cantons de l’Est, lorsqu’ils font l’acquisition de ces terres au pied du mont Yamaska. L’ouverture d’un nouveau rang, ou la mise en place de concessions de terre par un seigneur, amène automatiquement des spéculateurs qui veulent profiter de cette occasion pour s’enrichir. Samuel Bullock en est l’exemple le plus frappant. Nous lui connaissons plusieurs achats de terres à Saint-Paul, qu’il revendra plus tard avec profits à des concitoyens. Le Seigneur de Saint-Hyacinthe, Hyacinthe-Marie Delorme va en effet être le premier seigneur à concéder des terres dans cette partie de la seigneurie de Saint-Hyacinthe. Le 13 novembre 1805, il concède une terre à Moedish Parker, puis à Joël Fraser et le 26 juillet 1808 à Thomas Sanderson, puis suivront celles de John Dwyer le 3 décembre 1808, Simon Chartier aussi en 1808 (c’était un anglophone), William Shutterland le 5 avril 1809, etc. La guerre de 1812 accélèrera ce processus par l’ouverture d’un vrai chemin de communication, tracé sur le flanc de la montagne entre les Cantons du Sud-Est et le petit village de Saint-Hyacinthe. On peut très bien voir le développement de cette route en consultant les cartes de Joseph Bouchette. Puis ce sera au tour du seigneur Jean Dessaulles de concéder plusieurs terres dans le chemin sud-ouest de la montagne : M. Annabelle Graveline le 2 novembre 1818, Joseph Tétreau le 7 avril 1814, Cotton Fisk le 11 mai 1822, André Gautier le 5 octobre 1818, puis William Abbott, John Tenny etc. Cette petite communauté était assez nombreuse et entreprenante pour décider de bâtir une église anglicane en 1822. Une question revient toujours quand on voit le développement d’une petite communauté d’individus dans un endroit bien précis. Qu’est-ce qui a amené ces gens à venir s’établir en ces lieux? Il est certain que la spéculation foncière est un élément à prendre en considération, car la consultation des greffes de notaires (Lagorce, Picard) démontre cet état de fait pour les terres entourant la montagne en particulier. Il faut aussi certainement prendre en considération les bonnes terres de la vallée de la rivière Yamaska qui étaient concédées à des colons francophones de plus en plus nombreux, venant des vieilles paroisses de la vallée du Saint-Laurent. La possibilité de faire du commerce est aussi un élément important. L’arrivée de nouvelles routes entraîne automatiquement plus de transport de gens et de marchandises, donc l’obligation de se loger dans des auberges ou d’acheter de la nourriture et des services de toutes sortes. Certains des premiers loyalistes auront des auberges et des magasins le long des chemins qui longent la montagne. Mais ce qui est évident, c’est qu’ils sauront s’adapter à leur environnement physique en développant une culture bien particulière : la pomiculture. C’est surtout dans le dernier quart du XIXe siècle que cette culture va se développer grâce à l’arrivée des chemins de fer, ce qui permettra la vente des produits sur les marchés de Montréal. Ceci permettra aussi à des anglophones de Montréal, de venir construire des maisons d’été dans le rang de la Montagne. En 1878, le rang de la Montagne compte 22 terres, dont 16 sont des propriétés anglophones, ayant une valeur de 28,400.00$. Un autre élément doit être considéré, c’est le fait que dans les Cantons de l’Est, la majorité des terres appartenaient à des spéculateurs et elles étaient parfois assez dispendieuses, ou réservées pour le clergé protestant, tandis que celles dans les seigneuries, étaient concédées. Le censitaire ne payait que les frais du notaire et de l’arpenteur et une minime rente annuelle. On retrouve aussi dans la communauté anglophone de l’époque comme ailleurs, le fait que les familles se regroupent ensemble au même endroit favorisant l’apparition du clan qui permet l’entraide et la mise en commun de services communautaires comme les temples religieux et les écoles. C’est ce qui arriva dans le rang de la Montagne au XIXe siècle. Gilles Bachand © Société d’histoire et de généalogie des Quatre Lieux
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